Médiéviste réputé, Jean Favier a voué toute sa carrière à l’histoire et aux documents d’archives. Sorti major de l’École nationale des chartes et ainsi archiviste-paléographe diplômé en 1956, il marque les esprits dès la rédaction de sa thèse sur Philippe Le Bel : Enguerrand de Marigny, devenu quelques dizaines d’années plus tard un succès littéraire.
Nommé membre de l’École française de Rome, institut français de recherche en histoire, en archéologie et en sciences humaines et sociales, il devient conservateur aux Archives nationales de 1958 à 1961. Il enchaîne ensuite avec une carrière d’universitaire, le conduisant de Rennes à la Sorbonne, où il enseigna la paléographie médiévale jusqu’en 1997.
Des Archives de France à la BNF
En parallèle, il s’impose dans des fonctions de premier rang dans l’administration française de la Culture. Nommé directeur général des Archives de France en 1975, et ce, pendant 19 ans, il y laisse une forte empreinte avec la promulgation d’une nouvelle loi sur les archives, la construction de nouveaux bâtiments d’archives et une activité internationale très forte. Dans cette fonction, il s’applique à moderniser considérablement le secteur. À l’issue de ce mandat, il devient le premier président de la Bibliothèque nationale de France en 1994.
L’homme laisse derrière lui de nombreuses publications historiques aux éditions Fayard, où il dirige de 1992 à 1995 une Histoire de France en six tomes dont il rédige le second tome intitulé Le Temps des principautés. En 1993, il publie un Dictionnaire de la France médiévale, fruit de quinze ans de travail, qui permet de découvrir en près de mille pages dix siècles de notre histoire.
Un homme engagé sur tous les fronts de l’histoire
Connu du grand public pour son animation sur France Inter de l’émission Question pour l’histoire, il est également administrateur de TF1 entre 1984 et 1987. Parallèlement à ces prestigieuses fonctions, il assume de 1979 à 1998 les responsabilités de président de l’Association française pour les célébrations nationales, puis de 2008 à 2012, du Haut comité des célébrations nationales. Il est également membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres à partir de 1985, président de la Commission française pour l’UNESCO et membre du club Le Siècle. Il dirige également la Revue historique de 1973 à 1997.
« Il faisait partie de ces historiens lucides, courageux, ennemis de tout préjugé, qui ont renouvelé notre perception d’une époque aussi passionnante et féconde que perturbée », a reconnu la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti lors du dernier voyage de cette illustre personnalité.