Avec plus de 700 000 volumes enregistrés à son apogée, elle était la plus prestigieuse de l’Antiquité. La Bibliothèque d’Alexandrie a été construite sur les vœux du successeur d’Alexandre Le Grand (fondateur de la ville), Ptolémée Ier. Ce dernier décide autour de 290 av. J.-C. de doter la cité égyptienne d’une institution chargée de collectionner et de conserver tous les savoirs du monde, sous forme de rouleaux de papyrus.
Y sont ainsi hébergés des documents allant des traités scientifiques aux tragédies d’Eschyle, Sophocle et Euripide en passant par les œuvres des plus grands penseurs et écrivains de l’Antiquité, dont Homère, Platon, Socrate et bien d’autres. Les ouvrages sont écrits dans toutes les langues du monde connu, du grec à l’égyptien, l’hébreu ou l’araméen.
Ce haut lieu de l’érudition voit défiler tous les grands penseurs du monde : le physicien Archimède, le mathématicien Euclide, le médecin Hérophile, père de l’anatomie, le géographe Eratosthène, qui mesura ici la circonférence de la Terre, ou l’astronome Aristarque de Samos, qui devina que notre planète tournait autour du Soleil… Alexandrie devint alors la capitale intellectuelle de la Méditerranée.
Une disparition bien incertaine de l’héritage d’Alexandrie
Mais cet emblème du savoir grec laisse planer un mystère autour de lui : celui de sa destruction. Les archéologues n’ont jamais retrouvé la moindre trace de la bibliothèque et les chercheurs se divisent sur la cause de cette tragédie. Ont successivement été accusés les Romains, les chrétiens et les Arabes d’en être à l’origine.
Selon l’hypothèse la plus ancienne, le coupable serait Jules César, qui après avoir vaincu son rival Pompée, décide de s’installer à Alexandrie. Ses troupes mettent le feu à la flotte égyptienne, et l’incendie aurait atteint la bibliothèque. Selon les historiens, la destruction n’aurait alors été que partielle. Le philosophe et dramaturge romain Sénèque, citant l’Histoire romaine de Tite-Live, écrite entre 63 av. J.-C. et 14 de notre ère, affirme que 40 000 rouleaux furent détruits dans l’incendie déclenché par César. De son côté, l’historien romain Dion Cassius mentionne qu’un seul entrepôt de manuscrits fut détruit.
Près de trois siècles plus tard, Alexandrie est conquise par Zénobie, la reine de Palmyre. L’empereur Aurélien envoie ses armées en Orient pour reprendre les territoires perdus. Lors d’une bataille, la bibliothèque aurait été endommagée par un incendie.
La faute au temps : la Bibliothèque d’Alexandrie à travers les âges
Mais une autre thèse s’ajoute à ces destructions partielles et successives. Un édit publié par l’empereur Théodose Ier en 391 vise les temples et les écrits païens et réclame la destruction d’une partie de la bibliothèque restante.
D’autres sources affirment que la bibliothèque aurait été rayée de la carte lors de la prise d’Alexandrie par les Arabes au VIIe siècle. Le calife Omar et le général Amr ibn al-Ass auraient pris Alexandrie et ordonné de brûler tous les ouvrages profanes et d’en faire du bois de chauffage pour les bains publics. Cette version manque de fondement, d’après de nombreux experts.
Enfin, dernière hypothèse, la bibliothèque aurait fait les frais des différentes invasions du pays et aurait été la conséquence de la fuite des savants et des intellectuels avec le temps. Elle aurait peu à peu disparu et l’ensemble des documents, tous rédigés sur du papyrus, réputé pour être très friable et fragile, auraient été détruits par le temps et l’usure.
Reste que l’histoire de la disparition de ce trésor du patrimoine grec et de l’idéal d’une bibliothèque universelle continue de faire à la fois rêver et à la fois d’alimenter les polémiques.
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