« L’une de mes plus belles histoires d’amour, c’est sûrement d’être entrée dans les Archives ». En ces quelques mots, tirés d’un entretien d’Arlette Farge sur France Inter, l’historienne contemporaine résume sa passion pour le domaine des archives, auquel elle a dédié plus de 50 ans de sa vie.
Née en 1941 à Charleville, la jeune femme se destinait à une carrière de juge des enfants jusqu’à ce qu’elle change d’avis et se consacre à l’histoire du droit et des institutions. Témoin de la lutte des étudiants noirs pour leurs droits civiques aux États-Unis où elle effectue une thèse, elle se penche de près sur l’étude des milieux les plus pauvres.
À son retour en France, elle prépare un doctorat d’histoire moderne sur Le vol d’aliment à Paris au XVIIIe siècle, soutenu en 1974 sous la direction de Robert Mandrou, disciple de Lucien Febvre, pionnier de l’histoire des mentalités. Ce travail la plonge dans le domaine des archives.
Les archives judiciaires, le matériau d’une vie
Sur France Inter, elle raconte ce jour de 1970 où son directeur de thèse l’accompagne pour la première fois aux Archives nationales à Paris et lui fait découvrir les archives judiciaires du siècle des Lumières qui vont constituer ensuite son matériau de travail pour les 50 années suivantes. Elle consacre son travail à ces vies oubliées qui ont fait discrètement une partie de l’Histoire de France.
Autrice de très nombreux ouvrages, elle fait référence avec l’un d’entre eux dans le domaine des Archives. Le Goût de l’archive, publié en 1989, raconte son métier d’historienne habitée par la passion. Salué comme un ouvrage classique par les historiens, elle propose une réflexion sur l’écriture de l’histoire à partir des propos et des expériences des gens oubliés. Elle décrit alors l’ambiance particulière des salles d’archives et fait partager avec émotion ses rencontres inédites avec des personnages du passé.
Par ses mots, l’actuelle directrice de recherche au CNRS à la retraite décrit la pratique de l’archive comme un geste et un rituel proches du travail d’un moine copiste, mais qui laisse par moments place à de belles surprises et découvertes.
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